Racines,
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Des sons invisibles, des courbures de temps,
Des histoires d'armures fleurissant les champs,
Des anciennes parures, langoureux serpents,
Des baisers sous les cils des oublieux amants,
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Les racines s'enfoncent en mornes caresses
Dans les mémoires mues d'indicibles tourments,
Rejouent des bras de mer dans des crânes d'enfants,
Et d'un seul trait épongent des terreurs épaisses.
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En chemin, elles creusent les profonds ciments,
Eparpillent d'éclats d'anciens temples solaires,
Et avalent les nuits de charmants cimetières;
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Elles s'enfoncent encore, et à grands coups de temps,
Respirant les humus de nos pauvres colères,
Rêvent, en ténébrant, de grands traits de lumière.
Julie Briend-Lefrançois